Ema
Film de fiction pour ado/adulte. Interdit – 12 ans.
Ema de Pablo Larraín. France : Potemkine, 2021. 2h35.
Valparaiso. Ses ruelles labyrinthiques, ses couleurs chatoyantes, le ciel d’hiver sur ses collines, ses néons nocturnes et ses graffitis. Clignez les yeux : vous y êtes ? Tendez l’oreille : derrière le virage, un rythme de reggaeton. Vous vous approchez des danseuses, des danseurs, et sans que vous y preniez garde, votre coeur s’embrase, votre corps bat en rythme.
Une danseuse en particulier vous éblouit, vous hypnotise. C’est Ema. Ema fait de la danse contemporaine, c’est son métier, et elle a épousé un chorégraphe de renom. Mais lorsqu’elle sort avec ses amies, c’est le reggaeton qui guide ses mouvements. Oubliez les tubes fades que vous connaissez peut-être. Remplacez les clichés sexistes habituels des clips et paroles par une pincée d’esthétique punk, une pincée d’esthétique queer : voilà l’univers d’Ema.
La danse est au cœur du film. Pourtant, en réalité, elle n’est que son décor. L’histoire d’Ema, c’est un drame familial. “Une histoire d’adoption qui a mal tourné”, vous dira la jaquette du DVD, et c’est peu dire. Si vous regardez la bande-annonce, vous verrez Ema brandissant un lance-flamme. Ce lance-flamme, il fait partie d’un vaste plan tordu qu’elle monte pour pouvoir récupérer son fils adoptif, après l’avoir abandonné.
Ema, fêlée et lumineuse, est une force de la nature, un combat perpétuel, la volonté de puissance incarnée. Ce personnage, présent dans presque tous les plans, et incarné avec beaucoup de charisme, est la force du film. On ne s’y identifie pas, on ne s’y attache pas. Peut-être provoque-t-il mépris ou fascination. Assurément, il intrigue et il choque.
Ema part en bataille. En bataille contre la culpabilité d’avoir abandonné son fils. Contre son mari tout aussi fautif qu’elle. Contre les services sociaux. Contre la bien-pensance. En bataille, avec sa vie d’artiste débridée et sa stabilité mentale discutable, pour être mère et créer une famille… à sa façon.
Johanna