Nos Vies en Flammes
Roman policier. Pour adultes.
Nos Vies en Flammes, David Joy, Sonatine Éditions, 2022, 345 p.
Au coeur des Appalaches, dans un comté dévasté par la drogue, un vieil homme, veuf depuis quelques années, en vient, devant limpuissance apparente des forces de l'ordre face à la situation et après que son fils ait été retrouvé mort par overdose, à se faire justice. À sa façon. Ce ne sera pas sans conséquences...Un roman (noir) triste et touchant, servi par une écriture qui ne l'est pas moins.
Vieux et solitaire, Raymond Mathis vit dans sa ferme, en Caroline du Nord. Sa femme est décédée depuis trois ans des suite de maladie, et il nen a pas encore pris tout à fait la mesure. « Parfois Raymond Mathis se réveillait et Doris était toujours vivante. Quand il avait de la chance, il en restait persuadé pendant quelques minutes (...) ».
Cette région des Appalaches est ravagée par le trafic et la consommation de drogues dures. « Tout d'abord ça avait été les cachets, puis il y avait eu la meth, et maintenant c'était l'héroïne (...) ». Sur une colline, à proximité d'une bretelle d'autoroute, a été érigé un panneau indiquant combien de personnes ont fait une overdose et combien sont mortes au cours de l'année dans le secteur ; et « Chaque jour le nombre sur cette pancarte s'élève (...) ».
Âgé d'une quarantaine d'années, Ricky, leur fils, a toujours été toxicomane au dernier degré, allant d'overdose en overdose, dérobant les comprimés du traitement de sa mère pour les broyer et se les injecter, ou volant simplement ce qu'il peut dans la maison pour se payer une dose. Jusqu'à celle qui va lui être fatale.
Ray s'y est préparé depuis longtemps (« J'ai pensé à ce jour un paquet de fois, tu sais ? »), sachant l'avenir promis à un junkie qui ne décroche pas. Lorsque Ricky est retrouvé mort, Ray pense naturellement que la police va prendre les choses en main.
Sauf qu'il n'en est rien.
Dépité par l'inaction des forces de l'ordre, le vieil homme fatigué va se lever contre ce fléau et se faire justice à sa façon, tandis que partout autour, des incendies ; dont « (...) les feux étaient trop nombreux pour être comptés » - encerclent Cherokee et dévorent tout sur leur passage...
Cette région des Appalaches est ravagée par le trafic et la consommation de drogues dures. « Tout d'abord ça avait été les cachets, puis il y avait eu la meth, et maintenant c'était l'héroïne (...) ». Sur une colline, à proximité d'une bretelle d'autoroute, a été érigé un panneau indiquant combien de personnes ont fait une overdose et combien sont mortes au cours de l'année dans le secteur ; et « Chaque jour le nombre sur cette pancarte s'élève (...) ».
Âgé d'une quarantaine d'années, Ricky, leur fils, a toujours été toxicomane au dernier degré, allant d'overdose en overdose, dérobant les comprimés du traitement de sa mère pour les broyer et se les injecter, ou volant simplement ce qu'il peut dans la maison pour se payer une dose. Jusqu'à celle qui va lui être fatale.
Ray s'y est préparé depuis longtemps (« J'ai pensé à ce jour un paquet de fois, tu sais ? »), sachant l'avenir promis à un junkie qui ne décroche pas. Lorsque Ricky est retrouvé mort, Ray pense naturellement que la police va prendre les choses en main.
Sauf qu'il n'en est rien.
Dépité par l'inaction des forces de l'ordre, le vieil homme fatigué va se lever contre ce fléau et se faire justice à sa façon, tandis que partout autour, des incendies ; dont « (...) les feux étaient trop nombreux pour être comptés » - encerclent Cherokee et dévorent tout sur leur passage...
Indian Seringue Blues
Le problème de la drogue (= trafic, violence, addiction, etc) lié à la misère sociale (= les deux faisant souvent la paire) constitue la toile de fond de ce récit. Le quotidien d'un camé est ici décrit dans les moindres détails. Les galères, le manque, le système D pour trouver du fric, la difficulté de décrocher (« Denny savait comment c'était d'être clean, et il savait comment c'était de rechuter »), l'état d'hébétude, parce-que « (...) la drogue avait depuis longtemps grillé le peu de bon sens qu'ils avaient », la volonté annihilée et l'impossibilité de faire confiance à qui que ce soit, car « Les dilemmes moraux n'avaient jamais aucune chance face à un shoot », les raisons qui font replonger, les excuses que l'on se trouve lorsque tel est le cas (« Vous vouliez une récompense parce que tout se passait bien. Vous le méritiez. Après tout ce que vous aviez fait, vous méritiez un bon moment »). Les anecdotes sont absolument déjantées autour du sujet, glauque s'il en est (« Il avait foncé dans le magasin pour vérifier sa tension artérielle, puis il avait regagné la voiture et sniffé suffisamment de meth pour envoyer un satellite sur orbite »).
Il est aussi question ici de la condition indienne et des stéréotypes véhiculés depuis la nuit des temps par l'Homme blanc (« Denny avait l'air indien, c'est-à-dire qu'il ressemblait à ce à quoi les Blancs voulaient que ressemble un Indien - (...) comme dans les westerns, l'Indien aux bras croisés qui dit « ugh » avec son tomahawk et son tipi »).
Les mots sont forts, imagés (« (...) souriant comme s'il avait des ronces plein la bouche »).
L'écriture de David Joy est rude et touchante ; l'histoire qu'il nous raconte aussi.
Il est aussi question ici de la condition indienne et des stéréotypes véhiculés depuis la nuit des temps par l'Homme blanc (« Denny avait l'air indien, c'est-à-dire qu'il ressemblait à ce à quoi les Blancs voulaient que ressemble un Indien - (...) comme dans les westerns, l'Indien aux bras croisés qui dit « ugh » avec son tomahawk et son tipi »).
Les mots sont forts, imagés (« (...) souriant comme s'il avait des ronces plein la bouche »).
L'écriture de David Joy est rude et touchante ; l'histoire qu'il nous raconte aussi.
« Et si je parle de ça, c'est parce que je ne connais rien d'autre »
En postface, extrait d'un article paru aux USA en 2020, l'auteur rapporte son expérience, témoin de son époque, de sa région, de son pays. Il dénonce « la crise américaine des opioïdes (...) » due à la puissance des lobbies pharmaceutiques et aux choix politiques des États-Unis (« (...) ce qui c'est passé est le résultat de la cupidité ») ; le pas est vite franchit entre la prise d'OxyContin sous ordonnance et la dépendance qui peut mener à l'héroïne. Certains de ses amis proches ont sombré suffisamment dans la came pour en mourir...
Fred
Fred