Nous rêvions juste de liberté
Roman policier. Pour adultes.
Nous rêvions juste de liberté, Henri Loevenbruck, J'ai lu, 2017, 491 p.
Nous rêvions juste de liberté, Henri Loevenbruck, J'ai lu, 2017, 491 p.
Hugo fait la connaissance de Freddy, d'Alex et d'Oscar. Tous quatre sont
mineurs, pour peu de temps encore. Ils sont issus de milieux modestes,
voire précaires. La violence est pour eux un mode de communication
instinctif. Après les premiers coups de poings échangés, leur amitié,
ainsi scellée, devient inébranlable.
Hugo Felida, après s'être fait virer du lycée public en cours d'année parce que « (je) parlais beaucoup avec mes mains dans la gueule de mes camarades », se voit atterrir sur les bancs d'un lycée privé, pour « gosses de riches », bien qu'ayant tout fait, dans son attitude et ses propos, pour dissuader le directeur de l'inscrire dans son établissement. Mais ça n'a pas fonctionné. Aussi, au premier intercours, alors qu'il est seul dans un coin, Freddy, l'un des rares lycéens issus d'un milieu social identique à celui d'Hugo, vient le trouver.
Quelques mots échangés, puis un coup de poing donné pour trois reçus scellent une amitié indestructible. Freddy lui présente Alex, un hypocondriaque surnommé La Fouine, et Oscar, dit Le Chinois, bien qu'il soit vietnamien. Ces trois-là donnent à Hugo le surnom de Bohem, parce que sa piaule, c'est une roulotte dans la cour de chez ses parents. Freddy n'a pas de surnom. C'est « sa bande », et la réputation de « dur » qui le précède en dit suffisamment long.
Se reconnaissant les uns les autres jusque dans les traumatismes qui ont fait d'eux ce qu'ils sont, plus qu'amis, ils vont devenir frères, former un clan, s'émanciper de Providence, cette ville pourrie qui les rejettent et qu'ils vomissent.
Du point zéro aux 1 %
Cette histoire est celle de la fin de l'adolescence au début de l'âge adulte, de jeunes délinquants épris de liberté, partis de rien et de nulle part, pour devenir le Spifires MC (Motorcycle Club) et vivre selon les règles strictes des 1 % *. La violence qu'ils ont en eux se manifeste au quotidien, car il en est ainsi de celle qu'ils subissent, à différents degrés, dans leur vie familiale, exception faite pour Freddy. Chacun doit composer avec ses fantômes, ses lésions ; la perte d'êtres chers pour Hugo, et des parents qui l'ont répudié, les maladies mortelles, simultanées et imaginaires d'Alex, et ses parents effacés, les conditions de vie déplorables de la famille (nombreuse) d'Oscar, son addiction aux drogues et son penchant pour la castagne. Et l'aura de Freddy.
Aux frontières du réel
Providence est « hors du temps et de l'espace ». Mais ça fait furieusement penser aux States. On parle de moto assez tôt dans le récit. De celles que se construisent Freddy et Hugo. Des Choppers (déjà, ces brèles, c'est les Ricains qui les ont inventées). Comme dans Easy Rider. Sauf qu'elles sont noire (Rascal) pour l'une et rouge (Lipstick) pour l'autre, plutôt que la Captain America et la rouge au flaming jaune, les Panheads de Peter Fonda et de Dennis Hopper dans leur film culte (1969). Lorsqu'ils taillent la route, objectif : Liberté, c'est poignées des gaz grandes ouvertes et droit devant. Ils dorment le plus souvent à la belle étoile et volent autant que faire se peut leur nourriture, alcool, essence et nuits d'hôtels. Ils trafiquent (un peu) et consomment (beaucoup). De l'herbe, surtout. Et pas mal de trucs, en fait. Leur mode de vie les dirige, au hasard d'une rencontre en centre de détention pour mineurs, dans le milieu des 1 %, de ses codes, et de ce que cela implique. Un roman touchant, sauvage et triste, où l'amitié, la nostalgie, le deuil, les illusions perdues, le disputent à la colère et la révolte, qui se mêlent, s'entrelacent, dans le vrombissement frénétique des moteurs, le vif-argent de l'éclat des chromes, l'asphalte, la poussière, la liberté et la mort...
* A little bit of history
Les 1 %, ce sont les 1 % des motards qui s'affranchissent des règles de la société. Ils sont décrétés hors-la-loi aux États-Unis. Le MC le plus connu, le plus puissant, et qui véhicule le plus de clichés dans l'imagination collective, est celui, mythique, des Hells Angels. On dénombre 440 « chapters » (chapitres) dans 52 pays. Et comme pour les bécanes citées plus haut, c'est aux USA que sont nés les premiers clubs, formés par des vétérans de la Seconde Guerre mondiale. Hells Angels, c'était le nom d'un bombardier. L'idée de se déplacer à moto tient au fait qu'elles n'étaient pas chères, achetées aux surplus des stocks de l'armée ; les premières étaient de marque Indian, avant que les Angels n'optent pour Harley. Ensuite, elles étaient customisées, par nécessité pratique, d'abord, puis pour le look. Dès lors, welcome to the legend!
Ici, on ne parle pas directement des clubs sous leurs noms réels (Hells, Bandidos, Mongols,...), on ne décrit pas leurs vraies « couleurs », leurs vrais logos, mais il est impossible de ne pas faire le lien. Le MC le plus puissant de cette fiction est celui des Wild Rebels ; ça bastonne avec les Phantom Riders, fraternise avec les Salem's Freaks, autant de noms qui sonnent parfaitement crédibles. Ça fonctionnerait aussi pour des blazes de groupes de Hard-Rock. Et la B.O, c'est Led Zeppelin et Blue Öyster Cult, plutôt que les Stones. Parce que « les Stones, c'est juste des péquenauds qui ont réussi. Alors que Led Zep, mon pote, c'est mystique »."
Fred
Quelques mots échangés, puis un coup de poing donné pour trois reçus scellent une amitié indestructible. Freddy lui présente Alex, un hypocondriaque surnommé La Fouine, et Oscar, dit Le Chinois, bien qu'il soit vietnamien. Ces trois-là donnent à Hugo le surnom de Bohem, parce que sa piaule, c'est une roulotte dans la cour de chez ses parents. Freddy n'a pas de surnom. C'est « sa bande », et la réputation de « dur » qui le précède en dit suffisamment long.
Se reconnaissant les uns les autres jusque dans les traumatismes qui ont fait d'eux ce qu'ils sont, plus qu'amis, ils vont devenir frères, former un clan, s'émanciper de Providence, cette ville pourrie qui les rejettent et qu'ils vomissent.
Du point zéro aux 1 %
Cette histoire est celle de la fin de l'adolescence au début de l'âge adulte, de jeunes délinquants épris de liberté, partis de rien et de nulle part, pour devenir le Spifires MC (Motorcycle Club) et vivre selon les règles strictes des 1 % *. La violence qu'ils ont en eux se manifeste au quotidien, car il en est ainsi de celle qu'ils subissent, à différents degrés, dans leur vie familiale, exception faite pour Freddy. Chacun doit composer avec ses fantômes, ses lésions ; la perte d'êtres chers pour Hugo, et des parents qui l'ont répudié, les maladies mortelles, simultanées et imaginaires d'Alex, et ses parents effacés, les conditions de vie déplorables de la famille (nombreuse) d'Oscar, son addiction aux drogues et son penchant pour la castagne. Et l'aura de Freddy. Aux frontières du réel
Providence est « hors du temps et de l'espace ». Mais ça fait furieusement penser aux States. On parle de moto assez tôt dans le récit. De celles que se construisent Freddy et Hugo. Des Choppers (déjà, ces brèles, c'est les Ricains qui les ont inventées). Comme dans Easy Rider. Sauf qu'elles sont noire (Rascal) pour l'une et rouge (Lipstick) pour l'autre, plutôt que la Captain America et la rouge au flaming jaune, les Panheads de Peter Fonda et de Dennis Hopper dans leur film culte (1969). Lorsqu'ils taillent la route, objectif : Liberté, c'est poignées des gaz grandes ouvertes et droit devant. Ils dorment le plus souvent à la belle étoile et volent autant que faire se peut leur nourriture, alcool, essence et nuits d'hôtels. Ils trafiquent (un peu) et consomment (beaucoup). De l'herbe, surtout. Et pas mal de trucs, en fait. Leur mode de vie les dirige, au hasard d'une rencontre en centre de détention pour mineurs, dans le milieu des 1 %, de ses codes, et de ce que cela implique. Un roman touchant, sauvage et triste, où l'amitié, la nostalgie, le deuil, les illusions perdues, le disputent à la colère et la révolte, qui se mêlent, s'entrelacent, dans le vrombissement frénétique des moteurs, le vif-argent de l'éclat des chromes, l'asphalte, la poussière, la liberté et la mort...* A little bit of history
Les 1 %, ce sont les 1 % des motards qui s'affranchissent des règles de la société. Ils sont décrétés hors-la-loi aux États-Unis. Le MC le plus connu, le plus puissant, et qui véhicule le plus de clichés dans l'imagination collective, est celui, mythique, des Hells Angels. On dénombre 440 « chapters » (chapitres) dans 52 pays. Et comme pour les bécanes citées plus haut, c'est aux USA que sont nés les premiers clubs, formés par des vétérans de la Seconde Guerre mondiale. Hells Angels, c'était le nom d'un bombardier. L'idée de se déplacer à moto tient au fait qu'elles n'étaient pas chères, achetées aux surplus des stocks de l'armée ; les premières étaient de marque Indian, avant que les Angels n'optent pour Harley. Ensuite, elles étaient customisées, par nécessité pratique, d'abord, puis pour le look. Dès lors, welcome to the legend!Ici, on ne parle pas directement des clubs sous leurs noms réels (Hells, Bandidos, Mongols,...), on ne décrit pas leurs vraies « couleurs », leurs vrais logos, mais il est impossible de ne pas faire le lien. Le MC le plus puissant de cette fiction est celui des Wild Rebels ; ça bastonne avec les Phantom Riders, fraternise avec les Salem's Freaks, autant de noms qui sonnent parfaitement crédibles. Ça fonctionnerait aussi pour des blazes de groupes de Hard-Rock. Et la B.O, c'est Led Zeppelin et Blue Öyster Cult, plutôt que les Stones. Parce que « les Stones, c'est juste des péquenauds qui ont réussi. Alors que Led Zep, mon pote, c'est mystique »."
Fred