DIE, tome 1: Mortelle Fantasy
Comic fantastique, pour adultes.
Die, Mortelle Fantasy, Kieron Gillen et Stéphanie Hans, Panini Comics, 2020, non paginé
Die, Mortelle Fantasy, Kieron Gillen et Stéphanie Hans, Panini Comics, 2020, non paginé
1991, six adolescents se retrouvent pour fêter l'anniversaire de Dominic en jouant à un jeu de rôle organisé par leur ami Sol. Les six ados disparaissent et seuls cinq d'entre eux sont retrouvés au bord d'une route deux ans plus tard.
2016, Dominic reçoit pour son anniversaire l'un des dés ayant été utilisés lors de cette sombre soirée, le dé à 20 faces de Sol.
2016, Dominic reçoit pour son anniversaire l'un des dés ayant été utilisés lors de cette sombre soirée, le dé à 20 faces de Sol.
Via un postulat de départ qui n'est pas sans rappeler Jumanji, DIE mèle efficacement drame humain et univers fantastiques de jeu de rôle. Ce type de jeu, dont la création remonte aux années 80 et qui a fait les choux gras de la presse à sensations dans les années 80 et 90 avant de récemment revenir sur le devant de la scène (cf Stranger Things, Rick et Morty etc), invite les joueurs à incarner des personnages imaginés par eux mêmes, évoluant dans un monde imaginaire articulé par un "maitre de jeu", sorte de narrateur. Le jeu est régi par des lancers de dés aux formes étranges et folkloriques, allant de 4 à 100 faces !
Ici, chaque dé est lié à un personnage.
Ainsi, les protagonistes incarnent chacun un héros : Dominic est la dictatrice (le dé à 4 faces), Matthew incarne le Chevalier Triste, qui tire sa puissance de son désespoir (le dé à 8 faces), Angela incarne la Cyberpunk, tout droit sortie de Matrix (le dé à 10 faces), Isabelle joue la dresseuse de dieux (le dé à 12 faces), et Chuck est le fou, l'éternel trublion qui joue n'importe comment (le dé à 6 faces).
Ainsi téléportés à nouveau dans le monde d'Alea, les personnages se retrouveront confrontés, bien évidemment, à Sol, leur ami / maitre de jeu, enfermé dans son univers depuis près de 30 ans. En reprenant les poncifs du jeu de rôle et de la fantasy, DIE traite de drames humains comme la trahison, la dépression etc.
Forcément, on n'échappe pas aux références inévitables du genre, entre nains alcooliques et gaillards, villes aux proportions cyclopéennes, dragons, armées de soldats maléfiques sans visage ...
On y croise même J.R.R. Tolkien au détour d'un passage inspiré de la guerre des tranchées (qui elle même inspira le Seigneur des Anneaux, qui a lui même inspiré des centaines de mondes imaginaires, la boucle est bouclée).
Néanmoins, ces références "pop culture" ; qu'on nous assène par camions entiers depuis une dizaine d'années sous un spectre nostalgique ; sont ici bien maitrisées et digérées, Kieron Gillen étant incontestablement un passionné de jeux de rôle. Il nous décrit ainsi tout le processus créatif dans les annexes en fin d'ouvrage et a même élaboré un système de jeu pour vivre une expérience comparable à l'histoire de la BD avec un groupe d'amis (en anglais seulement pour le moment).
Le dessin de Stéphanie Hans est quand a lui vraiment attrayant, malgré les dominantes rouges et gris désaturé on ne s'ennuie pas un seul instant et les univers imaginaires qu'on visite ont chacun leur identité visuelle.
Avec un tome disponible à la Mémo et deux tomes à paraitre, DIE est une série à recommander aux amateurs de fantasy peut être un peu lassés du genre.
Loïck