Darktown
Roman noir. Pour adultes
Darktown, Thomas Mullen, Rivages, 2020, 477 p.
1948 voit le premier recrutement de policiers noirs, affectés aux rondes de nuit dans les quartiers noirs d'Atlanta. Mais ils ne disposent d'aucun pouvoir, d'aucun matériel, et sont confrontés quotidiennement au racisme primitif des policiers blancs.
Darktown, Thomas Mullen, Rivages, 2020, 477 p.
1948 voit le premier recrutement de policiers noirs, affectés aux rondes de nuit dans les quartiers noirs d'Atlanta. Mais ils ne disposent d'aucun pouvoir, d'aucun matériel, et sont confrontés quotidiennement au racisme primitif des policiers blancs.
L'APD (Atlanta Police Departement) vient de recruter les tous premiers officiers noirs de la ville. Ils sont au nombre de huit. Tous ou presque sont vétérans de guerre. Ils ont été recrutés afin de patrouiller par binôme dans les quartiers noirs, évitant ainsi aux agents blancs de le faire eux-même . Mais ils n'ont aucun réel moyen d'exercer un quelconque pouvoir, car de pouvoir ils n'ont pas!
Hormis l'équipement réglementaire que constitue le trio revolver/matraque/menottes, ils ne disposent d'aucun moyen matériel.
Ils n'ont pas les mêmes vestiaires que les Blancs (loin s'en faut, du reste, puisque le leur ressemble à s'y méprendre à un placard à balais, odeurs de vieilles serpillières moisies obligent !). Ils vont à pied, car non-autorisés à conduire un véhicule de service. Ils n'ont pas le droit d'arrêter un suspect sans l'intervention de policiers blancs, qui régleront l'affaire comme ils l'entendent une fois sur les lieux. Ils ne sont pas autorisés à mener d'enquête. Et ils subissent brimades, maltraitances et autres humiliations quotidiennes de la part de leurs « collègues » blancs.
Ça, c'est pour le côté Blanc. Côté Noir, ils doivent composer avec la défiance, le rejet de certains membres de leur communauté, qui voient dans leur engagement une trahison. C'est pourtant le souhait d'en protéger les membres qui est la raison principale de leur serment.
Roman noir dénonciateur
Dans Darktown, lors d'une ronde de nuit, Boggs et Smith contrôlent un Blanc qui, au volant de sa voiture, s'est rendu coupable d'une infraction. Il est accompagné d'une jeune femme Noire qui semble avoir été battue. Avec toute l'arrogance, la morgue, la suprématie primitive qu'un Blanc peut afficher devant un Noir, l'homme refuse de se soumettre à leur autorité illusoire et s'en va. Il ne s'enfuit pas, il s'en va. Pour bien leur signifier qu'ils sont, au mieux, quantité négligeable, et que chaque parti en est parfaitement conscient. Comme ils n'ont aucun pouvoir, les deux agents contactent un modérateur d'une borne téléphonique prévue à cette effet, afin que leur soit envoyée une patrouille d'officiers blancs ayant autorité à intervenir. Ce sont Dunlow, un flic raciste au dernier degré, et Rake, engagé depuis quelques mois, qui interviennent. En présence de Boggs et Smith, ils contrôlent à leur tour le « fuyard », mais entre-temps, la fille s'est sauvée. Son corps est retrouvé un peu plus tard dans une décharge sauvage.
Ce meurtre ne suscite en rien l'intérêt de l'APD. Trouver un Noir et en faire un coupable sera bien suffisant. Pour lui rendre justice, Boggs et Smith, malgré l'interdiction, n'ont pas de choix autre que de mener leurs propres investigations.
Racisme des villes, ostracisme des campagnes.
L'avilissement dont est victime la population noire est permanent. Comme l'est celui subi par les policiers de cette communauté. L'on demande à l'un d'eux s'il est fier d'être un « policier nègre », parce qu'il n'est qu'un singe en uniforme aux yeux des Blancs. Et qu'il est jouissif de le lui signifier.
Le racisme affiché à Atlanta, même lorsqu'il est physiquement ultra-violent, atteint en Géorgie un niveau supérieur en brutalité. Là-bas, les bas-du-front-de-la-campagne-profonde, nostalgiques de l'esclavage et des grandes heures des États du Sud, s'en donnent à coeur joie. Avec une étoile de shérif accrochée à la chemise, afin d'exercer en toute légalité.
Un polar qui dénonce la ségrégation, la corruption, les violences policières, l'impunité des puissants, les accointances avec le KKK...rien qui n'ait en somme beaucoup évolué depuis.
Fred
Hormis l'équipement réglementaire que constitue le trio revolver/matraque/menottes, ils ne disposent d'aucun moyen matériel.
Ils n'ont pas les mêmes vestiaires que les Blancs (loin s'en faut, du reste, puisque le leur ressemble à s'y méprendre à un placard à balais, odeurs de vieilles serpillières moisies obligent !). Ils vont à pied, car non-autorisés à conduire un véhicule de service. Ils n'ont pas le droit d'arrêter un suspect sans l'intervention de policiers blancs, qui régleront l'affaire comme ils l'entendent une fois sur les lieux. Ils ne sont pas autorisés à mener d'enquête. Et ils subissent brimades, maltraitances et autres humiliations quotidiennes de la part de leurs « collègues » blancs.
Ça, c'est pour le côté Blanc. Côté Noir, ils doivent composer avec la défiance, le rejet de certains membres de leur communauté, qui voient dans leur engagement une trahison. C'est pourtant le souhait d'en protéger les membres qui est la raison principale de leur serment.
Roman noir dénonciateur
Dans Darktown, lors d'une ronde de nuit, Boggs et Smith contrôlent un Blanc qui, au volant de sa voiture, s'est rendu coupable d'une infraction. Il est accompagné d'une jeune femme Noire qui semble avoir été battue. Avec toute l'arrogance, la morgue, la suprématie primitive qu'un Blanc peut afficher devant un Noir, l'homme refuse de se soumettre à leur autorité illusoire et s'en va. Il ne s'enfuit pas, il s'en va. Pour bien leur signifier qu'ils sont, au mieux, quantité négligeable, et que chaque parti en est parfaitement conscient. Comme ils n'ont aucun pouvoir, les deux agents contactent un modérateur d'une borne téléphonique prévue à cette effet, afin que leur soit envoyée une patrouille d'officiers blancs ayant autorité à intervenir. Ce sont Dunlow, un flic raciste au dernier degré, et Rake, engagé depuis quelques mois, qui interviennent. En présence de Boggs et Smith, ils contrôlent à leur tour le « fuyard », mais entre-temps, la fille s'est sauvée. Son corps est retrouvé un peu plus tard dans une décharge sauvage.
Ce meurtre ne suscite en rien l'intérêt de l'APD. Trouver un Noir et en faire un coupable sera bien suffisant. Pour lui rendre justice, Boggs et Smith, malgré l'interdiction, n'ont pas de choix autre que de mener leurs propres investigations.
Racisme des villes, ostracisme des campagnes.
L'avilissement dont est victime la population noire est permanent. Comme l'est celui subi par les policiers de cette communauté. L'on demande à l'un d'eux s'il est fier d'être un « policier nègre », parce qu'il n'est qu'un singe en uniforme aux yeux des Blancs. Et qu'il est jouissif de le lui signifier.
Le racisme affiché à Atlanta, même lorsqu'il est physiquement ultra-violent, atteint en Géorgie un niveau supérieur en brutalité. Là-bas, les bas-du-front-de-la-campagne-profonde, nostalgiques de l'esclavage et des grandes heures des États du Sud, s'en donnent à coeur joie. Avec une étoile de shérif accrochée à la chemise, afin d'exercer en toute légalité.
Un polar qui dénonce la ségrégation, la corruption, les violences policières, l'impunité des puissants, les accointances avec le KKK...rien qui n'ait en somme beaucoup évolué depuis.
Fred