Muertos
Muertos, Pierre Place, Glénat, 2020, one shot, 151 p.
...tels
sont les ingrédients de Muertos. Un virus transforme les
hommes en zombies, ou ce qui s'y apparente le plus. Ils ne
reviennent pas d'entre les morts, ils se métamorphosent. Ils se
déplacent en bandes et restent doués de conscience. Ils
attaquent les haciendas et hantent les campagnes, armés de faux,
de fourches, de machettes, de fusils.
Un groupe hétéroclite de
villageois parvient à s'enfuir, espérant rejoindre Cintalapa.
Mais cette ville, comme les autres, est décimée par l'épidémie.
Les meutes de morts-vivants se regroupent jusqu'à devenir une
horde. L'armée des morts qui ressemble désormais davantage à
un bataillon de guérilleros - se lance alors à la poursuite des
survivants...
Une
très belle couverture, prélude à un contenu
d'égale qualité
Déjà,
Glénat n'a pas lésiné sur les moyens ! Couverture-qui-tue,
reliure tranche de tissu noir, couleur sépia, à l'ancienne. Le
papier, épais, la qualité de l'impression, le format, sont autant
de valeurs ajoutées à la puissance de l'illustration. Avec cet
album, Pierre Place frappe un grand coup ; mise en page, cadrages et
prises de vue, découpage des scènes d'action... nul n'est besoin
de tourner moult planches pour appréhender le visuel dans sa
globalité.
Place est très fort sur les décors, paysages,
véhicules. Sans parler de l'encrage. Les ombres de Zorro ou de
Pancho Villa ne sont pas loin, lorsqu'en pleine bataille, un noir
destrier se cabre sous son cavalier, mexicain au sombrero et
baccantes de circonstance.
La
fin du monde, pas celle des castes
Le
scénario n'est pas léger pour autant. Ce one shot ne se cantonne
pas à une BD « de genre ». Certains codes du fantastique et du
western sont respectés, mais l'histoire va plus loin que cela. Les
fuyards sont des bourgeois, leurs serviteurs, des péons, des métis,
des indiens ; aussi, au milieu des massacres, la condition sociale
est-elle ici traitée.
Ensuite,
ce n'est pas la première fois que s'opère le mélange des
genres et que des zombies se retrouvent dans un western. Et
alors ? La seule interrogation est de savoir si, oui ou non, ça
fonctionne...pour le coup, ce n'est visiblement pas une question à
(se) poser : il suffit d'ouvrir et d'apprécier !
Fred