Diaspora
Roman. Pour adulte.
Diaspora, Greg Egan, Le Belial, 382 p., 2019
Alors qu'une catastrophe cosmique s'approche du système solaire, les « humanités » doivent fuir pour survivre. Mieux qu'une énième aventure spatiale, Diaspora, le dernier roman de Greg Egan repousse toutes les limites de la hard SF.
Lire du Greg Egan n'a jamais été une expérience anodine. Depuis 30 ans, le « pape australien de la hard SF » a tellement outrepassé les limites du genre qu'il est impossible de prévoir comment un lecteur recevra son oeuvre. Rappelons à ce propos que la hard science-fiction ne viole jamais les lois de l'univers ; on ne dépassera jamais la vitesse de la lumière et nul objet ne sera jamais déplacé à distance par quelque force jedi. Ceci posé, place à la grande claque du réel !
Egan émerveille ou révulse - souvent dans le même mouvement - tant son univers démesurément ambitieux mobilise l'intelligence et l'attention du lecteur. Alors bien sûr, c'est du raide. Les protagonistes évoluent dans des schémas de réalité exotique et la plupart du temps hors de toute expérience commune. Il faut s'accrocher de toutes ses dents et tous ses ongles car il y a au bout la promesse d'un pur émerveillement. Et en la matière Diaspora, écrit en 1997 mais traduit seulement l'an dernier, est probablement un des sommets de l'oeuvre d'Egan.
Egan émerveille ou révulse - souvent dans le même mouvement - tant son univers démesurément ambitieux mobilise l'intelligence et l'attention du lecteur. Alors bien sûr, c'est du raide. Les protagonistes évoluent dans des schémas de réalité exotique et la plupart du temps hors de toute expérience commune. Il faut s'accrocher de toutes ses dents et tous ses ongles car il y a au bout la promesse d'un pur émerveillement. Et en la matière Diaspora, écrit en 1997 mais traduit seulement l'an dernier, est probablement un des sommets de l'oeuvre d'Egan.
Fuyons !
Le récit démarre à fin du XXXe siècle, à l'aube d'une catastrophique supernova qui réduira en cendre toute vie sur Terre. A cette époque, l'Humanité a définitivement et plutôt joyeusement succombé aux sirènes transhumanistes. Enfin presque. Il reste une poignée d'humains biologiques, les Enchairés, se divisant entre Statiques (pas ou peu de modifications génétiques) et Exubérants qui peuvent changer de sexe, d'aile ou de branchie comme de chemise.
Pour autant, l'écrasante majorité de la population vit au sein des Polis, communautés d'esprit évoluant dans un environnement virtuel. Enfin, entre les deux types d'humanité s'affairent les Gleisners, IA au corps robotique réparti dans tout le système solaire et refusant de perdre contact avec le monde réel. Bien entendu, le désastre qui progresse menace tout le monde et il s'agira pour l'humanité sous toutes ses formes de fuir le plus rapidement possible.
Pour autant, l'écrasante majorité de la population vit au sein des Polis, communautés d'esprit évoluant dans un environnement virtuel. Enfin, entre les deux types d'humanité s'affairent les Gleisners, IA au corps robotique réparti dans tout le système solaire et refusant de perdre contact avec le monde réel. Bien entendu, le désastre qui progresse menace tout le monde et il s'agira pour l'humanité sous toutes ses formes de fuir le plus rapidement possible.
Bébé IA
Le résumé, somme toute convenu, d'un futur apocalyptique ne rend pas compte de l'énormité du propos. Dans Diaspora, tout est too much. L'émerveillement SF se niche à chaque coin de page, de la description émouvante de la naissance d'une bébé IA à l'envergure ultra-colossale du décor spatial et temporel. Egan passionne quand il confronte les points de vue des différentes civilisations et il étourdit lorsque la science piétine la magie sur son propre terrain.
On a dit le style d'Egan froid et distant. C'est assez vrai, mais le romancier n'en oublie pas pour autant ses personnages et leurs affects. A leur décharge, la situation urge follement et foin de sensiblerie lorsqu'il s'agit de construire fissa un accélérateur de particules de 140 milliards de kilomètres.
Bref, c'est ardu, c'est cinglé mais ça vaut le coup. Par son caractère hallucinatoire et psychotropique, la hard SF contenue dans Diaspora ne pourra convenir qu'aux plus téméraires et aguerris des lecteurs. Ceux-là connaitront la joie. Les autres passeront leur chemin avant la 10e page.
On a dit le style d'Egan froid et distant. C'est assez vrai, mais le romancier n'en oublie pas pour autant ses personnages et leurs affects. A leur décharge, la situation urge follement et foin de sensiblerie lorsqu'il s'agit de construire fissa un accélérateur de particules de 140 milliards de kilomètres.
Bref, c'est ardu, c'est cinglé mais ça vaut le coup. Par son caractère hallucinatoire et psychotropique, la hard SF contenue dans Diaspora ne pourra convenir qu'aux plus téméraires et aguerris des lecteurs. Ceux-là connaitront la joie. Les autres passeront leur chemin avant la 10e page.
Eric