Conquistadors
Éric Vuillard, Babel Éditions.
« Une étendue d'âme se plie le 16 novembre 1532 »
Dans un maelström de couleurs - celles des métaux précieux, des turquoises, des étoffes, de la nature sauvage & du sang - nous est contée la traversée des Andes, ainsi que le massacre & le pillage de la civilisation Inca par Francisco Pizarre, analphabète, cousin de Hernan Cortés, entouré de ses frères & demi-frères, à la tête de 180 soldats & 37 chevaux, lors de sa troisième expédition vers le Pérou actuel.
« Une étendue d'âme se plie le 16 novembre 1532 »
Dans un maelström de couleurs - celles des métaux précieux, des turquoises, des étoffes, de la nature sauvage & du sang - nous est contée la traversée des Andes, ainsi que le massacre & le pillage de la civilisation Inca par Francisco Pizarre, analphabète, cousin de Hernan Cortés, entouré de ses frères & demi-frères, à la tête de 180 soldats & 37 chevaux, lors de sa troisième expédition vers le Pérou actuel.
À Caxamarca, après de longues heures d'attente, le sort de l'Empereur Atahualpa - dieu vivant du peuple Inca - & celui de tout un royaume fut scellé. En une journée, Pizarre & ses combattants exterminèrent l'armée adverse, bien supérieure en nombre, mais prise par surprise & tombant dans le piège de l'Espagnol. Fait prisonnier, & afin de garder la vie sauve, Atahualpa va offrir à Pizarre des montagnes d'or, d'argent & de pierres en échange de sa liberté. Asservis, terrorisés, les Indiens vont remplir le ventre des caravelles en partance pour l'Espagne des trésors de leurs temples, de leurs palais, de leurs demeures ; ces trésors qu'ils tenaient de leurs ancêtres. Pour aller chercher ces richesses dans des villes plus éloignées, Pizarre va déléguer trois de ses capitaines les plus brutaux, commandant à quelques soldats seulement. Dans certaines cités, les envahisseurs n'auront qu'à se servir, dérobant ici jusqu'à la parure des momies devant des foules trop stupéfaites pour réagir, remplaçant là les idoles païennes des indigènes par la Croix du Christ, puis construisant des églises afin d'y célébrer la Gloire de Dieu, bien qu'ils n'apportèrent sur ce continent que misère, saccage & destruction !
Après quatre ans de sévices viendra le temps de la révolte. Elle sera sans pitié, représailles barbares, faisant douter les Espagnols. Mais comme pour les Nations Indiennes d'Amérique du Nord quelques trois cent ans plus tard, le résultat sera (hélas) celui que nous connaissons...
Vuillard, à l'écriture habitée , élégante, fine, rare, dépeint la beauté & la mort, l'amour - de Dieu, du Roi - & la haine, le sang & l'or, la terre qui devient boue à force de pluies diluviennes & qu'un soleil de plomb sèche dans l'heure , la jungle sombre, oppressante, à laquelle le vert végétal & profond donne une sensualité inquiétante ; & puis le froid, & puis la neige, l'épuisement, la faim, la peur, la maladie, la mort encore...mais cette inextinguible soif d'or qu'avides, frénétiques, les conquistadors ne peuvent assouvir !
Bien entendu, la gloire, la fortune personnelle, ce sentiment vertigineux que confère le pouvoir dés lors qu'il est possible d'asseoir sa domination - ce que firent rapidement les Espagnols, demeuraient leurs principaux moteurs ; mais l'Espagne de Charles Quint était aussi profondément endettée, & cet état de fait est également l'une des raisons de la présence de ces mercenaires en Amérique du Sud.
L'invasion fut facilitée par les guerres que se livraient entre elles différentes tribus - alliées des unes, ennemies des autres - pour des raisons évidentes de légitimité à régner ; « L'empire tombait en miettes, Pizarre souffla dessus ».
Un très grand roman, & comme nous l'avons vu plus haut, une très belle écriture...
Fred.
Après quatre ans de sévices viendra le temps de la révolte. Elle sera sans pitié, représailles barbares, faisant douter les Espagnols. Mais comme pour les Nations Indiennes d'Amérique du Nord quelques trois cent ans plus tard, le résultat sera (hélas) celui que nous connaissons...
Vuillard, à l'écriture habitée , élégante, fine, rare, dépeint la beauté & la mort, l'amour - de Dieu, du Roi - & la haine, le sang & l'or, la terre qui devient boue à force de pluies diluviennes & qu'un soleil de plomb sèche dans l'heure , la jungle sombre, oppressante, à laquelle le vert végétal & profond donne une sensualité inquiétante ; & puis le froid, & puis la neige, l'épuisement, la faim, la peur, la maladie, la mort encore...mais cette inextinguible soif d'or qu'avides, frénétiques, les conquistadors ne peuvent assouvir !
Bien entendu, la gloire, la fortune personnelle, ce sentiment vertigineux que confère le pouvoir dés lors qu'il est possible d'asseoir sa domination - ce que firent rapidement les Espagnols, demeuraient leurs principaux moteurs ; mais l'Espagne de Charles Quint était aussi profondément endettée, & cet état de fait est également l'une des raisons de la présence de ces mercenaires en Amérique du Sud.
L'invasion fut facilitée par les guerres que se livraient entre elles différentes tribus - alliées des unes, ennemies des autres - pour des raisons évidentes de légitimité à régner ; « L'empire tombait en miettes, Pizarre souffla dessus ».
Un très grand roman, & comme nous l'avons vu plus haut, une très belle écriture...
Fred.