Le Dernier des Mohicans
James Fenimore Cooper, Gallmeister Éditions.
« Les Mohicans possédaient le pays que les Européens occupèrent en premier dans cette partie du continent. Ils furent donc les premiers Indiens dépossédés de leurs terres ».
Ces mots sont de James Fenimore Cooper, en 1831, dans l'introduction à la seconde édition du Dernier des Mohicans. La première date de 1826. C'est ce qui est frappant ; à cette époque - ce jusqu'au début des années 1900, avec Géronimo & les derniers Apaches - certaines tribus des Indiens d'Amérique étaient toujours « libres »...
« Les Mohicans possédaient le pays que les Européens occupèrent en premier dans cette partie du continent. Ils furent donc les premiers Indiens dépossédés de leurs terres ».
Ces mots sont de James Fenimore Cooper, en 1831, dans l'introduction à la seconde édition du Dernier des Mohicans. La première date de 1826. C'est ce qui est frappant ; à cette époque - ce jusqu'au début des années 1900, avec Géronimo & les derniers Apaches - certaines tribus des Indiens d'Amérique étaient toujours « libres »...
1757. Anglais & Français se livrent une guerre acharnée pour la conquête du Nouveau-Monde.
Duncan Heyward, à la tête d'une escorte, conduit Cora & Alice jusqu'au fort William-Henry, pour y rejoindre leur père, le colonel Munro, Renard Subtil est leur guide. Malgré son comportement étrange, le jeune officier lui fait confiance. Ce qui s'avère une erreur, car l'Indien les mène droit sur une embuscade tendue par un groupe de Hurons. Leur rencontre fortuite avec Oeil-de-Faucon , un Blanc accompagné de deux Mohicans, Chinachgook & son fils Uncas, leur permet d'échapper à ce piège.
Pendant ce temps, le maréchal Montcalm a fait marcher ses troupes sur le fort britannique, désormais assiégé de toutes parts...
Nous sommes ici au coeur même du Roman Historique !
L'Histoire, le Progrès - & les mensonges & atrocités perpétrées sous ces prétextes ! se forgeaient encore lors de la rédaction & de la publication de cette oeuvre. Pour exemple, même si ce n'est pas le sujet traité ici, le peuple Cherokee était à partir de cette période en train de perdre terres & droits, les uns comme les autres fondant petit à petit comme neige au soleil, avant d'être complètement engloutis par la Géorgie. Le territoire Cherokee fut divisé en parcelles que l'on pouvait, si la chance souriait, gagner à la loterie, alors même que les Indiens occupaient encore cette partie du pays ! * L'on ressent par moments l'état d'esprit sous-jacent du colonialisme primaire, de l'arrogance, de la condescendance , du mépris, avec lesquels les Européens traitaient même les Indiens alliés. Oeil-de-Faucon précise souvent (quelquefois plusieurs fois par page) qu'il est issu de sang pur, ou de sang blanc, par opposition, paradoxalement, au sang rouge des Amérindiens. Lui-même vit pourtant au quotidien à leur contact plutôt qu'avec les Anglo-Américains. Il y a de fait, dans les propos des personnages** ou dans leur attitude, quelque chose qui s'apparente souvent à l'idée profondément ancrée d'une évidente suprématie de la race blanche sur les « sauvages », ce peu importe leurs origines ; idée relayée & véhiculée par le christianisme, auquel certains Indiens se sont (& ont été) convertis, afin d'essayer de s'intégrer, alors même que leur était nié le droit le plus fondamental de vivre selon leurs propres coutumes sur la terre de leurs ancêtres !***
A contrario, Oeil-de-Faucon fait souvent le comparatif entre les facultés instinctives & innées de survie en milieu hostile que possède un Indien, de la connaissance accrue qu'il a de son territoire & de sa facilité à lire la moindre piste. En aucun cas un Européen ne peut égaler un Indien sur le sujet.
Dans la rédaction, le narrateur s'adresse régulièrement au lecteur, ou commente les faits & lieux où ce sont déroulées des batailles historiques dans lesquelles ses personnages de fiction ont tenus un rôle, ou dont ils ont été les témoins. La prise du fort William-Henry par les armées françaises du Marquis de Montcalm & le massacre perpétré par les Iroquois après la reddition des troupes anglaises comptent, par exemple, parmi celles-ci.
L'élégance, l'éloquence, l'emphase, la faconde même des dialogues, ce côté romanesque, d'une certaine manière prolixe, parfois, dans la narration, pourrait sembler désuet, suranné...si tout le charme de ce (grand !) roman d'aventure ne venait pas précisément de là...
Le présent ouvrage a bénéficié d'une nouvelle traduction de l'américain.
* & *** voir le documentaire « Terres Indiennes - Quatre siècles d'histoire des États-Unis racontés par les Indiens », de Sharon Grimberg, ARTE Éditions (2010), disponible dans le catalogue de La Mémo.
** qui ne reflètent manifestement pas les convictions de l'auteur lorsque l'on considère la teneur des nombreuses annotations de bas de page, ainsi que celles des deux préfaces aux éditions de 1826 & 1831, l'une d'elles ouvrant, de fait, cette chronique.
Fred.
Duncan Heyward, à la tête d'une escorte, conduit Cora & Alice jusqu'au fort William-Henry, pour y rejoindre leur père, le colonel Munro, Renard Subtil est leur guide. Malgré son comportement étrange, le jeune officier lui fait confiance. Ce qui s'avère une erreur, car l'Indien les mène droit sur une embuscade tendue par un groupe de Hurons. Leur rencontre fortuite avec Oeil-de-Faucon , un Blanc accompagné de deux Mohicans, Chinachgook & son fils Uncas, leur permet d'échapper à ce piège.
Pendant ce temps, le maréchal Montcalm a fait marcher ses troupes sur le fort britannique, désormais assiégé de toutes parts...
Nous sommes ici au coeur même du Roman Historique !
L'Histoire, le Progrès - & les mensonges & atrocités perpétrées sous ces prétextes ! se forgeaient encore lors de la rédaction & de la publication de cette oeuvre. Pour exemple, même si ce n'est pas le sujet traité ici, le peuple Cherokee était à partir de cette période en train de perdre terres & droits, les uns comme les autres fondant petit à petit comme neige au soleil, avant d'être complètement engloutis par la Géorgie. Le territoire Cherokee fut divisé en parcelles que l'on pouvait, si la chance souriait, gagner à la loterie, alors même que les Indiens occupaient encore cette partie du pays ! * L'on ressent par moments l'état d'esprit sous-jacent du colonialisme primaire, de l'arrogance, de la condescendance , du mépris, avec lesquels les Européens traitaient même les Indiens alliés. Oeil-de-Faucon précise souvent (quelquefois plusieurs fois par page) qu'il est issu de sang pur, ou de sang blanc, par opposition, paradoxalement, au sang rouge des Amérindiens. Lui-même vit pourtant au quotidien à leur contact plutôt qu'avec les Anglo-Américains. Il y a de fait, dans les propos des personnages** ou dans leur attitude, quelque chose qui s'apparente souvent à l'idée profondément ancrée d'une évidente suprématie de la race blanche sur les « sauvages », ce peu importe leurs origines ; idée relayée & véhiculée par le christianisme, auquel certains Indiens se sont (& ont été) convertis, afin d'essayer de s'intégrer, alors même que leur était nié le droit le plus fondamental de vivre selon leurs propres coutumes sur la terre de leurs ancêtres !***
A contrario, Oeil-de-Faucon fait souvent le comparatif entre les facultés instinctives & innées de survie en milieu hostile que possède un Indien, de la connaissance accrue qu'il a de son territoire & de sa facilité à lire la moindre piste. En aucun cas un Européen ne peut égaler un Indien sur le sujet.
Dans la rédaction, le narrateur s'adresse régulièrement au lecteur, ou commente les faits & lieux où ce sont déroulées des batailles historiques dans lesquelles ses personnages de fiction ont tenus un rôle, ou dont ils ont été les témoins. La prise du fort William-Henry par les armées françaises du Marquis de Montcalm & le massacre perpétré par les Iroquois après la reddition des troupes anglaises comptent, par exemple, parmi celles-ci.
L'élégance, l'éloquence, l'emphase, la faconde même des dialogues, ce côté romanesque, d'une certaine manière prolixe, parfois, dans la narration, pourrait sembler désuet, suranné...si tout le charme de ce (grand !) roman d'aventure ne venait pas précisément de là...
Le présent ouvrage a bénéficié d'une nouvelle traduction de l'américain.
* & *** voir le documentaire « Terres Indiennes - Quatre siècles d'histoire des États-Unis racontés par les Indiens », de Sharon Grimberg, ARTE Éditions (2010), disponible dans le catalogue de La Mémo.
** qui ne reflètent manifestement pas les convictions de l'auteur lorsque l'on considère la teneur des nombreuses annotations de bas de page, ainsi que celles des deux préfaces aux éditions de 1826 & 1831, l'une d'elles ouvrant, de fait, cette chronique.
Fred.