Les Derniers Mots
Roman policier. Pour adultes.
Les derniers mots, Tom Piccirilli, Gallimard Série Noire, 2012, 463p.
Les derniers mots, Tom Piccirilli, Gallimard Série Noire, 2012, 463p.
À l'aube de l'exécution de son frère aîné, Terry Rand rentre chez lui, mettant ses rancoeurs de côté et composant avec ses doutes et son sentiment de culpabilité. Il y a cinq ans, il a quitté sa famille (parents, fratrie) et la femme qu'il aimait, après que Collie, lors d'un épisode de démence compulsif et sanglant, ait sans raison manifeste massacré huit personnes qu'il ne connaissait pas...
Les Rand sont une famille de hors-la-loi, des voleurs chez qui l'art de la cambriole et de la triche se transmet de père en fils de génération en génération. Parents, grands-parents, oncles et enfants vivent sous le même toit. Leurs méfaits, ils les commettent sans armes ; ce sont des monte-en-l'air, des arnaqueurs, en aucun cas des braqueurs de banques, et jamais ils n'ont recours à la violence.
« Au bout de cinq ans et de trois mille kilomètres », Terry (même s'il a perdu l'habitude d'utiliser son vrai nom) est de retour au pays, qu'il a quitté comme il a laissé ses parents, ses oncles, sa petite soeur, la femme qu'il aimait (et qu'il aime toujours), et le vieux bull-terrier du clan, qui « En dehors de Collie, (...) est le seul de la famille à avoir tué quelqu'un ». S'il revient, c'est suite au coup de téléphone que sa soeur lui a passé pour le lui demander - bien que n'étant pas supposée savoir où le joindre. S'il est de retour, c'est pour rendre visite à son grand frère, même si ce n'est pas de gaîté de coeur qu'il entreprend cette démarche. L'écart entre eux s'est creusé des années avant que Collie ne devienne cinglé et que Terry ne prenne la fuite. Et puis, « Chez nous autres, les Rand, on a le chic pour se taper mutuellement sur les nerfs sans faire le moindre effort ».
« Au bout de cinq ans et de trois mille kilomètres », Terry (même s'il a perdu l'habitude d'utiliser son vrai nom) est de retour au pays, qu'il a quitté comme il a laissé ses parents, ses oncles, sa petite soeur, la femme qu'il aimait (et qu'il aime toujours), et le vieux bull-terrier du clan, qui « En dehors de Collie, (...) est le seul de la famille à avoir tué quelqu'un ». S'il revient, c'est suite au coup de téléphone que sa soeur lui a passé pour le lui demander - bien que n'étant pas supposée savoir où le joindre. S'il est de retour, c'est pour rendre visite à son grand frère, même si ce n'est pas de gaîté de coeur qu'il entreprend cette démarche. L'écart entre eux s'est creusé des années avant que Collie ne devienne cinglé et que Terry ne prenne la fuite. Et puis, « Chez nous autres, les Rand, on a le chic pour se taper mutuellement sur les nerfs sans faire le moindre effort ».
La fureur et la folie
Collie est incarcéré depuis son arrestation, et « la prison lui réussit, comme à la plupart des fauves qui se retrouvent derrière les barreaux ». Il y a cinq ans, il a quitté l'Elbow Room où il passait la soirée, massacré une famille de cinq personnes, ainsi qu'une vieille dame, un pompiste et une jeune femme, est revenu s'asseoir au comptoir, a suggéré au barman d'appeler la police après lui avoir rapporté « sa virée meurtrière », et a attendu que les flics viennent l'embarquer sans leur opposer la moindre résistance. Ces assassinats sauvages, Collie les a perpétrés sans mobile apparent, comme si « (...) le désespoir, la fureur ou un instant de folie » lui avaient « fait perdre la tête ». Dans le couloir de la mort, il attend depuis lors la date de son exécution. Comme tout vient à point à qui sait attendre, cette date a été fixée pour la quinzaine à venir. Depuis, la propriété des Rand est assiégée, assaillie par des meutes de journalistes avides, charognards, et leur flot nauséabond de questions perfides : « Votre frère sera exécuté dans onze jours. Qu'en pensez-vous ? ».
Mais avant qu'on ne lui injecte la dose létale, Collie a une information capitale à révéler à son petit frère, ainsi qu'une requête à formuler...
« J'ai sacrifié mon bonheur sur l'autel des abîmes »
Un roman de ceux qui vont au-delà du genre, explorant les lésions, les souffrances, les craintes des uns et des autres, même si c'est du point de vue de Terry que se déroule l'histoire. Ses actes sont modelés dans la glaise de son sentiment de culpabilité, de ses remords, de ses regrets, de la mélancolie qui l'accompagne (« Un homme ne devrait pas se résumer à être la somme de ses chagrins, de ses échecs, des occasions manquées et des regrets »). Il y est profondément enlisé et ressent des effluves de chagrin, de tristesse, de colère (et parfois aussi de jalousie) qui s'entremêlent jusqu'à quelquefois l'étouffer (« (...) puis étouffe une plainte, un gémissement, je ne sais quoi au juste mais quelque chose qui cherche à s'exprimer et que je bloque »). Affliction et détresse le tourmentent, le hantent jusqu'au plus profond de son sommeil - lorsqu'il arrive à dormir.
Il y a aussi le fait que le grand-père, le Vieux Berger, est atteint d'Alzheimer. Collie a-t-il plus ou moins perdu la boule de cette façon-là, avant de déraper ? L'épée de Damoclès est-elle suspendue au dessus des Rand ? Est-il ténu, le fil qui la retient ? Si c'est ainsi que cela doit finir, « Plutôt se battre avec les mulots pour bouffer de la mort aux rats (...) » !
Il y a aussi le fait que le grand-père, le Vieux Berger, est atteint d'Alzheimer. Collie a-t-il plus ou moins perdu la boule de cette façon-là, avant de déraper ? L'épée de Damoclès est-elle suspendue au dessus des Rand ? Est-il ténu, le fil qui la retient ? Si c'est ainsi que cela doit finir, « Plutôt se battre avec les mulots pour bouffer de la mort aux rats (...) » !
Fred.